Plate-forme pour une agriculture socialement durable – l’autre syndicat
Communiqué concernant les conditions de travail des ouvriers agricoles dans le Piémont
A l’initiative de La Via Campesina, organisation internationale des travailleurs de la Terre, nous nous sommes rendus à Saluzzo, dans le Piémont à 50km au sud de Turin, en Italie, du 1er au 3 septembre 2013, afin de faire un rapport sur les conditions de travail des ouvriers agricoles.
Le constant est accablant.
On pourrait le résumer en disant ceci:
« un hôtel 4 étoiles pour les animaux, et même pas une écurie pour les travailleurs ».
Cette région du Piémont offre des contrastes saisissants :
une agriculture industrielle, qui aligne des plantations à perte de vue – pêches, pommes, Kiwi, framboises et différents légumes,
des centres de récolte et de conditionnement ultramodernes, qui expédie la production dans toute l’Europe, et jusqu’au Sud-est asiatique,
des conditions de travail des ouvriers agricoles d’un autre âge.
Ceux-ci sont originaires d’Europe : Roumains, Bulgares, Albanais, et d’autres continents : Maghrébins, Chinois et Africains subsahariens. Ce sont eux qui remplissent les dures tâches de la production agricole, particulièrement la récolte des fruits et légumes.
Ce jour-là, à Saluzzo, a lieu la foire agricole ; à proximité immédiate sont « installés » environ 500 africains, sur des palettes en bois, avec une méchante toile en plastique sur la tête, tenue par branches et ficelles.
Pas d’eau, pas d’électricité, sanitaires inexistants ; les déchets s’accumulent le long de ces cabanes de fortune.
Les occupants sont en attente d’un hypothétique employeur qui viendra le matin les charger à bord d’une camionnette, avec à la clé un salaire au lance-pierre.
Dans le même temps, et au même endroit, les animaux de concours (vaches laitières) font l’objet de soins intensifs; vu la chaleur ambiante, les animaux sont douchés 2x par jour, un coiffeur est à disposition ainsi qu’un spécialiste des onglons. La litière est maintenue propre en permanence et l’alimentation est donnée individuellement au moyen d’une puce électronique.
Les travailleurs agricoles, qui sont à proximité immédiate, sont par contre dans le dénuement total.
Ceci est une honte et un scandale absolus et permanents, sans compter les risques d’explosion sociale.
En tant que syndicaliste, en tant que consommateur, en tant qu’être humain, nous élevons une vive protestation contre cette situation inacceptable.
Nous exigeons des conditions de vie et de travail décentes pour tous ces travailleurs agricoles !
Noé Graff, président de la Plateforme pour une agriculture socialement durable
Philippe Sauvin, Werner Schmid et Yannick Arnold pour l’autre syndicat