[:fr]FOGGIA: LES TRAVAILLEURS AGRICOLES MIGRANTS BLOQUENT POUR SIX HEURES LA CHAÎNE LOGISTIQUE DES TOMATES[:]

[:fr]Le 25 Août, les travailleurs et travailleuses des campagnes ont bloqué deux des plus grandes usines de transformation de tomates en Europe, situées dans la zone industrielle de la périphérie de Foggia, dans les Pouilles. Ça a été un grand jour pour la lutte des travailleurs et des travailleuses agricoles, qui continue depuis Septembre dernier: 400 travailleurs agricoles se sont mis en grève et ils ont arrêté pendant plus de six heures le traitement et la livraison de la tomate industrielle.

L’action a frappé deux énormes entreprises, Futuragri S.C.A. et Princes Industrie Alimentari S.R.L., une filiale de la multinationale Princes Ltd, détenue pour la plus grande part par le groupe Mitsubishi.

Le blocus avait pour but de lier les entreprises à leurs responsabilités pour la vie épouvantables et les conditions de travail à lesquelles les travailleurs agricoles sont soumis, en raison du bas prix que les industries et les supermarchés paient pour les produits frais.

De nombreux chauffeurs de camion ont également exprimé leur solidarité avec la lutte, à cause des conditions de travail qui leur sont imposées par les entreprises qui obligent illégalement les conducteurs à de longues attentes au dehors des usines, avant de pouvoir décharger leur cargaison, sans aucune forme de compensation pour le temps qu’ils passent en inactivité forcée.

Ceci est le dernier épisode d’une mobilisation qui continue depuis Septembre dernier, et qui exige à la fois la régularisation de tous les travailleurs sans permis de séjour et le respect des conventions collectives de travail, qui sont violées de façon flagrante dans toutes leurs dispositions.

Les travailleurs devraient avoir le droit au transport et au logement gratuit, alors qu’ils travaillent sans aucune forme de garantie ou d’assurance, avec des salaires montant à la moitié du salaire minimum et bien au-dessus des heures de travail établies.

Par conséquence, ils vivent dans des bidonvilles et des fermes abandonnées, souvent contrôlées par des caporaux, sans électricité ni eau, dans des conditions conduisantes à la détérioration de leur bien-être physique et psychologique.

Pourtant, depuis le 2008, le secteur agro-industriel en Italie a augmenté ses bénéfices, et l’industrie de la tomate vaut à elle seule plus de 3 milliards d’euros par an. Grâce à la région de Foggia, qui produit peu moins de la moitié de la quantité totale de tomates transformées dans le pays, l’Italie est le producteur principal de tomates pelées dans le monde.

Princes transforme environ le 40% de toutes les tomates cultivées en Foggia, qu’elle exporte partout dans le monde (principalement au Royaume-Uni). Mais la tomate n’est pas la seule culture d’élevage dans la région: selon les données officielles, qui ne tiennent pas compte de la généralisation de l’emploi de la main-d’œuvre irrégulière, les travailleurs agricoles migrants dans la région de Foggia montent à plus de 20.000.

Grace au blocus, les travailleurs ont obtenu l’assurance écrite que l’association nationale des industries des conserves (de ANICAV) participera à une réunion multilatérale, ainsi que des associations de distributeurs et des agriculteurs, dans laquelle les travailleurs exigeront que ceux qui contrôlent le secteur agro-alimentaire assument la responsabilité de l’application des accords de travail tout au long de la chaîne de production.

Les travailleurs ont également obtenu une rencontre avec le chef de la police, afin de discuter de la régularisation des personnes sans permis de séjour; régularisation qui a commencé il y a un ans grâce à la lutte, mais qui a besoin d’atteindre la totalité des travailleurs et des travailleuses non Européens et de procéder à un rythme plus rapide.

Pour cette raison, un engagement au niveau du gouvernement italien est nécessaire, également compte tenu de la vague des déclarations des fonctionnaires, des mesures politiques et propositions de loi qui ont été émises au sujet de l’élimination de l’exploitation du travail agricole. Malgré les demandes des travailleurs, le gouvernement national, pour sa part, préfère se cacher derrière un mur de silence.

Nous sommes conscient(e)s que ceci est seulement le début, mais nous reconnaissons qu’aujourd’hui est un jour historique pour les luttes ouvrières agricoles![:]